Si la légalisation du cannabis récréatif a beaucoup fait jaser en 2018, vous pouvez pour attendre à revivre quelque chose de semblable en 2019. Le gouvernement Trudeau désire effectivement légaliser les aliments infusés au THC d’ici le 17 octobre prochain. Dans cette optique, Santé Canada vous propose une ébauche de la future réglementation qui servira à encadrer la vente de ces produits. Le tout est condensé dans un document de 195 pages. Voilà une joyeuse suggestion de lecture pour les temps froids!
Des propositions pour différents produits
Cette première version de la réglementation concerne trois types de produits, soit les aliments, les extraits de cannabis et les crèmes topiques.
Dans le cas des aliments solides, Santé Canada suggère de limiter chaque emballage à 10 milligrammes de THC, en plus de limiter le taux maximal de caféine. Ces produits de devront pas contenir de vitamines ou de minéraux ajoutés. Les mêmes restrictions sont suggérées pour les breuvages, mais ces derniers ne devront pas non plus être alcoolisés.
En ce qui concerne les extraits de cannabis, il est suggéré de limiter ces derniers à 1000 milligrammes de THC par contenant. Ces produits ne devront pas contenir de sucre ou d’édulcorants, ni même de colorants, de nicotine ou de caféine.
Quant à elles, les crèmes topiques seraient également limitées à 1000 milligrammes de THC par contenant. Elles devront être destinées à la peau, aux ongles ou aux cheveux. Leurs ingrédients devront être de nature cosmétique, et non médicale. De plus, ces lotions ne devront pas être destinées à un usage sur la peau endommagée ou les yeux.
Santé Canada propose également de ne pas associer les dérivés du cannabis aux produits alcoolisés. De plus, l’organisation croit qu’il devrait être interdit de suggérer d’éventuels bénéfices alimentaires ou thérapeutiques dans les publicités ou sur les emballages. Évidemment, les produits ne devront pas être présentés de manière à être alléchants pour les enfants.
Des failles à combler
Bien que ces suggestions soient plutôt conservatrices, Santé Canada désire avant tout assurer la sécurité du public, et surtout des enfants. La question de l’apparence des produits risque d’être particulièrement controversée. Si les bonbons et barres de chocolat ne doivent pas être attirants pour les enfants, les adultes doivent tout le même savoir ce qu’ils achètent. Après tout, il serait bien embêtant de confondre une barre tendre au THC avec une simple barre tendre aux céréales dans votre garde-manger!
De plus, la limite de 10 milligrammes de THC par emballage en fera sourciller plusieurs. Certains estiment qu’il s’agit du dosage régulièrement utilisé pour une seule friandise sur le marché noir. Cette faible concentration est probablement motivée par la peur que des enfants puissent manger accidentellement de tels bonbons.
La question de la formation des employés est également passée sous silence. Pour le moment, les employés des succursales de la SQDC sont formés pour vendre du cannabis séché ou des huiles. Il en va de même pour les boutiques privées qui opèrent ailleurs au Canada. Apprendre les subtilités des aliments infusés au THC n’est pas une mince affaire. Les clients vont s’attendre à recevoir des conseils de la part des commis afin de mieux intégrer le cannabis à leur alimentation. Il sera donc nécessaire de parfaire la formation des employés des boutiques gouvernementales et privées, et ce en moins d’un an. Voilà un détail plutôt embêtant, voire même impossible à régler dans des délais aussi limités.
Finalement, n’oublions pas que le spectre de la pénurie de marchandise plane encore sur le Canada. Les estimations les plus positives suggèrent que le cannabis sera produit en quantité suffisante d’ici ce printemps. Par contre, il ne serait pas surprenant que la demande pour le cannabis alimentaire soit bien supérieure à celle pour le cannabis combustible qui est présentement légal. Aux États-Unis seulement, ce marché vaut 1.4 milliard de dollars (USD). Il est estimé que ce chiffre pourrait passer à 4.1 milliards d’ici 2022.
Si vous avez des suggestions supplémentaires à l’attention de Santé Canada, il vous suffit de suivre ce lien.
Sources :