Éliminer le marché noir du cannabis? Plus facile à dire qu’à faire.

Certains États américains ont légalisé la consommation récréative de cannabis depuis quelques années. Le Colorado était l’un des précurseurs de cette approche. Dès 2014, cet État permit la consommation et la vente de marijuana afin d’éliminer le marché noir du cannabis. Cependant, il semble que cette politique ne suffise pas à régler le problème. Le crime organisé local profite encore des revenus reliés à la vente de cannabis.

Les revendeurs de cannabis s’adaptent

Il existe 500 magasins de cannabis dispersés partout dans le Colorado. Malgré tout, les revendeurs illégaux font encore des affaires en or. Cela s’explique en partie par le fait que le prix de la marchandise légale est plus élevé que sur le marché noir du cannabis. Les consommateurs préfèrent donc s’en tenir à un revendeur de confiance qui leur propose des tarifs préférentiels. Un revendeur anonyme c’est d’ailleurs confié à l’équipe de journalistes de CBC News. Il affirme que plusieurs de ses clients sont des professionnels qui préfèrent ne pas être vus en train d’acheter de la marijuana légalement en magasin. Ces clients font donc appel aux services de revendeurs pour bénéficier de livraisons à domicile discrètes.

Un marché noir plus fort que jamais

Paul Roach est superviseur pour la Drug Enforcement Administration. Il soutient que son équipe dédie environ 15% de son temps à enquêter sur des affaires en lien avec le cannabis. C’est trois fois plus de temps qu’avant la légalisation de la substance en 2014. Généralement, les cartels mexicains ou cubains mettent sur pied des serres clandestines au Colorado. C’est qu’il est plus difficile de les différencier des installations légitimes. Ensuite, les trafiquants revendent la marchandise dans des États où la marijuana est toujours illégale afin de réaliser des profits faramineux.

Le crime organisé opère partout où le cannabis est légal

Rappelons ici que le Colorado n’est pas un cas unique. Le même problème existe dans l’État de Washington et en Californie. D’ailleurs, les policiers de Los Angeles ont procédé à des saisies dans 74 maisons de la région de Sacramento. Ces dernières étaient utilisées pour cultiver illégalement du cannabis. Les installations étaient gérées par des membres du crime organisé chinois. Ces puissantes organisations criminelles sont prêtes à investir des sommes considérables pour acheter ou louer des propriétés qui leur permettent d’opérer dans l’ombre.

Des propriétaires de maison floués

La culture du cannabis laisse des traces, surtout quand elle est effectuée illégalement dans une résidence. Ainsi, les propriétaires qui louent sans le savoir leurs propriétés à des membres du crime organisé ont souvent de mauvaises surprises. En effet, ces derniers détruisent généralement les murs pour maximiser l’espace de culture. De plus, les besoins en électricité sont exorbitants. Les trafiquants vont donc jusqu’à détruire les fondations des maisons afin de voler l’électricité directement de l’alimentation de la ville. Parfois, les fils du système électrique de la maison fondent dans la boîte électrique en raison de surcharges. Ces dégâts sont non seulement extrêmement coûteux, mais aussi très dangereux pour le voisinage en raison des risques d’incendie.

Certaines maisons appartenant au crime organisé chinois consommaient jusqu’à 38,477 kilowatts par jour, alors que la moyenne nationale est de 30. Nous sommes ici bien loin d’une bande d’amateurs qui désirent arrondir les fins de mois. Les installations en question incluaient des systèmes d’éclairage de qualité, des ventilateurs industriels et même des systèmes de filtration de l’air.

Est-ce que le Canada risque de connaître une problématique semblable ? La question demeure. Mentionnons cependant que comme la marijuana sera légale dans toutes les provinces, les trafiquants ne pourront faire des profits aussi facilement qu’aux États-Unis en revendant leurs produits dans les États ou la substance est illégale. Ceci dit, il est essentiel que les gouvernements provinciaux du Canada observent de près les ratés de la légalisation du cannabis aux États-Unis afin d‘éviter de tomber dans les mêmes pièges.

Sources : CBC et NBC News