Les brownies terrifient les médecins

Les spécialistes de l’industrie s’entendent pour dire que les aliments au cannabis feront beaucoup jaser en 2019. Si tout se déroule selon les plans du gouvernement, la nourriture et les boissons infusées au THC seront légalisées d’ici le 17 octobre prochain. Les professionnels de la santé du pays s’inquiètent de cette seconde phase de la légalisation du cannabis. Plusieurs unissent leurs voix pour exiger une réglementation très stricte.

Des surdoses accidentelles

Le docteur Atul Kapur représente l’Association canadienne des Médecins Urgentologues. Ce dernier explique que lorsque le Colorado a légalisé les aliments au cannabis en 2014, il y eut une hausse temporaire du nombre de patients hospitalisés. Bien souvent, des individus en panique se présentaient aux urgences après avoir mangé par inadvertance de la nourriture infusée au THC. Kapur et ses collègues craignent que le même scénario se produise au Canada d’ici quelques mois.

La docteur Margaret Thompson partage les craintes de son collègue. En tant que directrice médicale du Ontario Poison Centre, elle estime que le nombre d’appels d’individus en détresse risque d’augmenter. Selon Thompson, il ne serait par surprenant que des enfants parviennent à mettre la main sur des bonbons au THC.

Une question de dosage

Pour le moment, Santé Canada suggère de limiter le dosage d’un emballage alimentaire à 10 milligrammes de THC. Ce dosage est considéré par plusieurs comme étant extrêmement conservateur. Sean Bird, le gérant général de Baked Edibles’, croit qu’il s’agit d’une erreur. Selon lui, si les aliments ne procurent pas suffisamment d’effets euphorisants, les clients vont se rabattre immédiatement sur le marché noir.

Alternativement, certains vont simplement tenter de cuisiner leurs propres brownies du cannabis. Bien qu’il n’y ait rien de mal à donner libre cours à votre imagination culinaire, il faut garder à l’esprit qu’il est très difficile de bien doser des aliments au THC. Il est donc probable qu’il vous faille plusieurs tentatives avant de trouver la recette magique. Les débutants qui se risquent à ce jeu d’essais et d’erreurs pourraient alors finir aux urgences en pleine crise de panique.

Pour le moment, nous ne savons toujours pas quelle sera la dose maximale de THC autorisée par Santé Canada. Gageons que la décision finale suscitera la controverse autant chez les médecins que chez les producteurs d’aliments et de breuvages.

Sources : http://www.cmaj.ca & https://www.thestar.com