En Amérique du Nord, les sportifs professionnels qui évoluent dans les ligues d’élite unissent leurs forces pour avoir accès au cannabis. Malgré la résistance de certains propriétaires, l’idée commence à être mise de l’avant par des vedettes bien connues du public.
La NHL, un cas unique
Au total, 101 des 123 équipes professionnelles d’Amérique proviennent d’endroits où le cannabis est légal de manière récréative ou médicale. Ces formations sont soit associées à la MLB, la NBA, la NHL ou à la NFL. Évidemment, chacune de ces associations légifère indépendamment sur la question. Par exemple, la MLB ne teste pas ses joueurs systématiquement, ils procèdent seulement à des vérifications s’ils ont des doutes raisonnables de croire qu’une drogue est utilisée. À l’inverse, la NBL fait passer annuellement quatre tests de dépistage à ses joueurs. Dans le cas de la NFL, seuls les joueurs récidivistes sont sujets à plusieurs tests impromptus chaque année.
La National Hockey League est particulièrement tolérante à l’endroit du cannabis. Bien que la substance soit officiellement interdite, elle n’est pas considérée comme un produit dopant. Ainsi, les joueurs qui n’en font pas une consommation exagérée ne sont pas ciblés par des mesures disciplinaires. Dans le cas d’un test positif à cette substance, les hockeyeurs ne sont pas forcés de prendre part à une cure de désintoxication. Il faut dire que des 31 équipes de la NHL, 28 évoluent dans des États ou des provinces où le cannabis est légalisé d’une façon ou d’une autre.
Bill Daly, le sous-commissaire et chef des affaires juridiques de la NHL, explique que cette approche a été adaptée au fil des années pour mieux refléter la réalité moderne. Daly estime que les mentalités ne sont plus les mêmes qu’en 1996, quand le programme antidrogue de la ligue a été créé. C’est d’ailleurs pour cette raison que les responsables de la NHL font la distinction entre les produits dopants et le cannabis récréatif.
Des pressions grandissantes
Dans un contexte où le cannabis est de plus en plus légalisé, les joueurs professionnels exigent que leurs ligues respectives s’adaptent en conséquence. L’exemple de David Irving est particulièrement révélateur. Ce footballeur qui joue pour les Cowboys de Dallas vient d’écoper d’une suspension d’une durée indéterminée en raison de sa consommation de cannabis. Dans un vidéo publié sur son compte Instagram, il explique avec un joint à la main qu’il n’a pas l’intention de revenir au jeu tant que la NFL ne modifiera pas ses politiques en faveur du cannabis.
Irving argumente que le cannabis est plus sécuritaire que les médicaments antidouleur. C’est particulièrement vrai dans le cas des joueurs professionnels qui composent au quotidien avec des douleurs reliées au jeu et aux entraînements. Ce mode de vie favorise le développement des dépendances aux pilules d’ordonnance. Irving estime que cette problématique contribue à alimenter la crise des opioïdes qui touche présentement la majorité du monde occidental.
Une nouvelle étude fascinante
Alors que la NFL refuse toujours d’envisager un changement à ses politiques, l’Association des joueurs retraités de la LNH s’associe à Canopy Growth pour mener à bien une étude révolutionnaire. Ce projet audacieux a pour but de déterminer si le cannabis est efficace pour traiter les symptômes de commotions cérébrales. Les volontaires sont bien connus du public, il s’agit en l’occurence d’une centaine de joueurs retraités de la NHL.
Le projet de recherche sera mené par le docteur Amin Kassam et son collègue, le neurochirurgien Richard Rovin. Les deux spécialistes désirent mieux comprendre l’effet du CBD sur les zones du cerveau touchées par les commotions cérébrales. Le budget consacré au projet demeure confidentiel, mais les responsables de Canopy Growth affirment qu’il s’agit d’un montant considérable.
Le docteur Charles Tator du Toronto Western Hospital’s Canadian Concussion Centre se dit modérément optimiste à ce sujet. Bien que rien ne garantit des succès phénoménaux, il estime que cette nouvelle avenue de recherche pourrait mener à une meilleure qualité de vie pour ces vétérans du hockey. Il n’est pas rare que les concussions répétées engendrent des épisodes de dépression, de syndrome de stress post-traumatique et de démence.
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