Lorsque l’on parle de cannabis et de santé publique, la question de la schizophrénie semble s’imposer d’elle-même. Comme le THC contenu dans le cannabis cause des effets psychotropes, plusieurs craignent que la consommation de cette plante puisse causer la schizophrénie, en particulier chez les jeunes. Cela dit, les scientifiques qui étudient la question demeurent extrêmement divisés.
Une question très controversée
Certains médecins suspectent que le cannabis pourrait favoriser le développement de la schizophrénie. Les premières mises en garde à ce sujet remontent à il y a plus de 70 ans déjà. Cela dit, il était à l’époque fréquent de diaboliser cette plante. De plus, la marijuana qui était alors consommée avait un taux de THC très inférieur aux variétés qui sont désormais offertes au public. Il est donc important de se fier aux informations plus récentes pour bien comprendre la situation.
Nous savons que les effets psychotropes du THC causent chez les consommateurs des effets temporaires bien particuliers. Souvent, les utilisateurs rapportent des hallucinations sensorielles agréables, mais parfois aussi une sensation de paranoïa ou d’inquiétude. Cela dit, ces symptômes se dissipent après quelques heures. La véritable schizophrénie se caractérise par des épisodes psychotiques répétés sur une longue période, et ce même sans l’usage de cannabis. Les patients qui souffrent de cette condition médicale démontrent également des troubles cognitifs et sociaux.
Alors que certains auteurs controversés sonnent l’alarme à ce sujet, des scientifiques tentent de calmer le jeu. Margaret Haney, une professeure de neurobiologie au Columbia University Medical Center, explique que bien souvent les scientifiques tirent des conclusions différentes à partir des mêmes statistiques. La grande question consiste à déterminer s’il y a un lien de cause à effet entre la consommation de cannabis et l’apparition de la schizophrénie.
Des indices intéressants
L’élément qui inquiète le plus les scientifiques est relié à l’élagage synaptique. Ce processus se déroule pendant l’adolescence. Il s’agit d’une étape normale du développement du cerveau pendant laquelle l’organe élimine les connexions inutiles présentes entre les synapses. Cette activité se déroule dans le cortex préfrontal, une région très riche en récepteurs CB-1. Ces récepteurs du système endocannabinoïde humain sont particulièrement affectés par le THC. Or, selon une étude de 2016 mené par des chercheurs du Broad Institute of M.I.T. et de Harvard, les interactions avec les récepteurs CB-1 peuvent altérer le processus d’élagage synaptique. Ces perturbations pourraient favoriser l’apparition de la schizophrénie.
En revanche, il est déjà établi que la schizophrénie tend à se déclarer chez ceux et celles qui ont un historique familial relié à cette maladie. Ainsi, les gènes seraient les principaux responsables de ce trouble du cerveau. Une étude de 2014 conduite par la Harvard Medical School démontre d’ailleurs que peu importe si les volontaires consomment du cannabis, ceux et celles qui étaient génétiquement prédisposés à cette maladie avaient beaucoup plus de chances de la développer. La docteur DeLisi, la co-auteure de cette étude, explique que le cannabis ne cause pas la schizophrénie. Par contre, sa consommation de l’adolescence jusqu’à l’âge de 25 ans est un facteur de risque supplémentaire chez les individus vulnérables.
De plus, des recherches récentes démontrent que le cannabidiol (CBD) pourrait contribuer à contrôler la schizophrénie. Ainsi, si le THC hallucinogène peut être risqué pour certains consommateurs, les autres composantes du cannabis peuvent tout de même favoriser la santé mentale.
Comme le débat est toujours ouvert dans la communauté scientifique, il nous est impossible de donner une réponse définitive au sujet des relations entre le cannabis et la schizophrénie. Cela dit, il semble y avoir un consensus à propos des dangers posés par la consommation de cette substance chez ceux et celles qui sont génétiquement prédisposés à cette maladie.
Rappelons qu’il demeure possible de consommer des dérivés du cannabis qui ne contiennent pas de THC. Les aliments à base de chanvre sont une option idéale pour ceux qui désirent optimiser leur santé!
Sources :