La consultation portant sur le projet de loi #2 du gouvernement Legault bat désormais son plein à Québec. Après à peine quelques jours d’activité, cet exercice suscite déjà beaucoup de controverse.
Un exercise inutile?
Certains intervenants accusaient le gouvernement de François Legault d’organiser une consultation publique qui sera dans les faits, inutile. Les propos tenus par le ministre Lionel Carmant semblent confirmer cette suspicion. Effectivement, ce dernier a expliqué dès l’ouverture du débat que peu importe l’opinion des experts interrogés, le gouvernement ne changera pas ses plans. L’âge légal pour consommer du cannabis passera bel et bien de 18 à 21 ans.
Plusieurs experts ne seront d’ailleurs jamais entendus à cette consultation, notamment l’Association des médecins psychiatres et la Fédération des médecins spécialistes. Le député libéral André Fortin critique d’ailleurs cette situation. Il estime que ces désistements importants s’expliquent par l’attitude inflexible du gouvernement. Toujours selon monsieur Fortin, « les jeux sont faits d’avance ». L’ancien ministre de la Santé, Gaétan Barrette, abonde dans le même sens que son collègue. Il croit que l’exercice est fondamentalement inutile si le gouvernement ne considère pas l’idée de modifier son projet de loi.
Les députés du Parti Québécois et de Québec Solidaire critiquent également l’attitude du gouvernement dans le dossier du cannabis. Sylvain Gaudreault et Sol Zanetti croient que le gouvernement n’est pas cohérent avec les lois qui régissent actuellement la vente d’alcool. Monsieur Zanetti s’insurge du fait que cette nouvelle loi infantilise les citoyens du Québec.
Le gouvernement défend sa position
Étant donné que le projet de loi portant sur l’âge légal de consommation du cannabis est loin de faire l’unanimité, le ministre caquiste Lionel Carmant a tenu à défendre sa position. Il considère que les éléments suivants sont des mythes à déboulonner.
Premièrement, monsieur Carmant croit qu’il est faux de dire que cette hausse de l’âge légal de consommation poussera les jeunes dans les bras du crime organisé. Il n’a cependant pas fourni plus d’explications à ce sujet.
Dans un autre ordre d’idées, le cannabis vendu à la SQDC poserait des risques pour la santé des jeunes. Toujours selon monsieur Carmant, une concentration de THC qui atteint les 20% peut se révéler très néfaste pour les cerveaux en développement. C’est particulièrement vrai pour ceux et celles qui sont propices au développement de la schizophrénie. Dans ces circonstances, l’élu estime qu’il est du devoir du gouvernement de retarder le plus possible l’accès au cannabis.
Fait intéressant, nous avons également appris pendant la consultation que parmi les clients de la SQDC, les 18 à 20 ans représentent seulement 2% de l’achalandage. Quant à eux, les 18 à 24 ans représentent un total de 10% de la clientèle.
La consommation publique de cannabis au centre du débat
Rappelons que le projet de loi caquiste vise également à interdire toute consommation publique de cannabis au Québec. À ce sujet, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, font front commun afin d’exiger des accommodements de la part du gouvernement provincial. Il n’est d’ailleurs pas exclu que d’autres villes se joignent à cette coalition.
Les deux élus municipaux estiment que le projet de loi portant sur la consommation publique de cannabis ne tient pas compte de la réalité de leurs villes respectives. En effet, une grande portion des habitants de Gatineau et de Montréal habite en appartement. Dans certains arrondissements, c’est le cas de 70% de la population. Monsieur Pedneaud-Jobin explique que les locataires « se retrouvent à devoir poser un geste illégal pour consommer quelque chose de légal. »
Encore ici, le gouvernement a annoncé ne pas vouloir revenir sur sa décision. Mathieu Lacombe, le député de l’Outaouais, explique qu’il s’agit d’une question de cohérence. Si le cannabis est interdit au Québec, toutes les municipalités devront se plier à cette loi. Cela dit, le maire de Gatineau trouve cette approche bien étrange. Il souligne que les « règlements d’urbanisme, d’affichage et de circulation, les différences entre les villes existent dans énormément de domaines. On peut faire la même chose avec le cannabis. »
En conclusion, il semble que la consultation sur le cannabis fasse énormément jaser lors des prochaines semaines. En plus de débattre sur l’aspect sanitaire de cette plante, la nature même de la consultation est remise en question.
Sources :